Around est un jeu de rôle accessible à tous, doté de règles simples et fluides. Le jeu permet une prose en main très rapide, mais une immersion dans un monde fascinant.

Un chemin sinueux, escarpé, tantôt rectiligne. Autour, la végétation n’est plus. Des collines pelées s’étendent jusqu’où le regard peut porter. Un paysage de désolation s’étend.

Cette traversée est nécessaire, bientôt le groupe de survivants arrivera à Baldir, cité refuge de Trâat.

Mais, pour l’heure, les pas s’enchaînent malgré la fatigue et le manque de sommeil. Les mouvements sont lents, pénibles. Les marcheurs portent des chemises et pantalons usés, des chaussures en cuir en mauvais état.

Algir, homme mûr, mène cette troupe hétéroclite. Il est grand, des cheveux longs et noirs pendent sur ces épaules, son regard sombre scrute l’horizon en quête d’un refuge. Il porte une large épée à son côté, probablement acquise auprès des mercenaires du désert. Derrière sa carrure impressionnante se traîne un jeune homme frêle et élancé. Ses jambes marquent le sol telles de longues pattes d’araignées. Son crâne, couvert d’une tignasse blonde, oscille à chacun de ses pas. Reck, tel est son nom, porte ses yeux bleus azur tantôt sur sa suivante, tantôt sur l’horizon. Il est inquiet, aussi il serre le pommeau de sa dague de sa main gauche. Une fille, qui a déjà dépassé l’âge de raison, ferme la marche. Nonchalante, elle ne semble pas frappée des mêmes inquiétudes que ses compagnons. Les cheveux roux, court, les yeux verts, des tâches de rousseur pleins le visage et un large sourire, voilà ce qui définis Maen.

Maen rompt le silence qui pèse sur la troupe depuis maintenant plusieurs heures.

« Algir, dis c’est pas l’heure de s’arrêter et de boire un peu là ? Moi j’en peux plus ! »

Algir se retourne visiblement agacé.

« Maen… il faut avancer jusqu’à la nuit tombée sans s’arrêter. Notre réserve d’eau est quasi épuisée. Tu peux simplement te mouiller les lèvres en marchant. »

Maen tressaille de colère et s’affaisse sur ses genoux. Elle frappe la terre de ses petits poings.

« Tortionnaire ! Bourreau ! Tu veux me manger, c’est ça ? Tu vas m’épuiser et avec ton copain Reck, à la nuit tombée, vous allez faire un barbecue de Maen ? Je n’en peux plus ! Je reste là, ce sont les corbeaux ou les Drateks qui vont me manger et puis Na ! »

Algir fait volte-face et d’un bond rejoint Maen. Reck, bousculé, s’écarte et tombe sur ses fesses. Le colosse saisit alors la fillette par sa chemise et la décolle du sol. Ses pieds battent l’air à la recherche d’un appui. Elle fixe son guide d’un air effrayé.

Algir retient son poing gauche pour ne pas frapper Maen. il hurle.

« Te manger ? Tu es devenue folle ? Voilà bientôt trois mois que je t’ai recueilli dans cette oasis où tu allais mourir de faim, de froid et de détresse. Sans moi, tu aurais sans doute succombé comme une grande partie des délaissées de cette terre. Quant aux créatures dont tu as prononcé le nom… Surtout n’invoque plus ce signe de malédictions, ici ou ailleurs. Tu risques de les attirer ainsi que le miroitement. »

Maen, le regarde pétrifiée, interdite. Malgré sa volonté, des larmes coulent sur ses joues, elle contient sa détresse, mais fini par fondre en larme et en excuses.

Reck, s’étant relevé, s’approche, puis tapote l’épaule d’Algir, pour calmer la situation.

« Bon, bon, ça va, pose-la, je crois qu’elle a eu assez peur. Calme-toi Algir ».

L’air sombre Algir le regarde fixement, puis lâche la fillette. Elle s’effondre au sol et retient ses larmes avec courage.

Algir se détourne et reprend le chemin.

Reck se penche sur l’enfant, lui sèche ses larmes avec sa manche.

« Bon, allez, sèche tes larmes on va repartir »

« Tu crois que le miroitement va nous prendre avec les créatures dont il ne faut pas dire le nom ? »

Reck lève les yeux au ciel, puis observe Algir continuant le chemin sans se retourner.

« Ma grande, notre monde est désormais ainsi. Il y a le miroitement, les créatures et notre condition de colporteur, de marchand d’objets trouvés ou acquis de manière moins glorieuse. Il y a trente ans, il paraît que c’était différent, que les gens étaient riches et gros, là, et bien c’est plus pareil. »

Renfrognée, Maen lui répond

« Des gros y en a ! derrière les portes de Baldir ! »

« Oui, eux se sont des riches, ils possèdent des biens, des maisons et se protègent derrière les murailles de la ville. Ils repoussent même le miroitement avec des brasiers la nuit. »

Maen :

« Je veux entrer dans la ville et vivre comme eux, protéger, et manger du lapin tous les jours. »

Algir désormais à cent mètres des jeunes gens se retourne et leur lance :

« Bon, les sangsues, vous vous grouillez ? Je vais revenir sur ma décision de ne pas vous manger ! Et puis il faut arriver à Baldir avant la nuit sa quoi on aura des problèmes, je vous rappelle que nous n’avons plus de quoi faire du feu. »

Algir se retourne et continue sa route, sûr de l’autorité qu’il impose à ses jeunes suivants.

Les deux retardataires se lèvent et reprennent leur route côte à côte.

« Maen, si tu veux vivre dans Baldir, il te faudra grandir un peu, mais pas beaucoup hein, faut pas être plus grande que moi ! Et puis tu intégreras la guilde de l’Orobouros, ce sont de fiers guerriers ! Qui dorment en plus derrière les murailles. »

« Oh les veinards ! Des renards des sables ceux-là !

Reck, tu trouves pas qu’Algir a une tête de Gerboise ? »

« De gerboise ? » Il sourit à sa compagne de route,

« Ah, oui, mais alors avec de plus grandes oreilles !»

Les deux enfants rient aux éclats, mais sont bientôt interrompus par Algir qui les fixe d’un regard noir.

Il est arrêté à dix mètres des enfants hilares.

« Je vous entends ! Restez un peu alerte et concentré. »

Il montre un cadavre de caravanier, au sol, à une vingtaine de mètres à l’Est.

Silencieusement, nos trois héros s’approchent de la dépouille.

L’homme est couché sur le dos. Il ne porte pas de trace de coups, mais son visage est déformé par des protubérances violacées.

Maen lance un gémissement de dégoût.

« Beuh, ahhh, il est pas beau lui ! Il lui est arrivé quoi ? »

Algir reste a distance du cadavre et fait signe aux autres de faire de même.

« Il a subi les effets du miroitement, à en mourir. C’était peut-être un Errant, un de ceux qui commandent aux créatures. Il a finalement succombé.

La rumeur colportée par le chef caravanier lors de notre dernière escale était donc vraie, des hommes frappés par le miroitement sont présents dans les parages. »

Maen et Reck, font un pas de recul.

« Oohhhh, bin alors »

Algir ne touche pas au défunt et ordonne de reprendre la route.

Alors que nos trois héros cheminent, le guide reprend la parole.

« Maen et Reck, primo, je n’ai pas une tête de gerboise, secondo, il faut presser le pas, sans quoi nous n’arriverons pas à Baldir avant la nuit. Et tertio, il faut absolument se protéger cette nuit, parce que… ».

Reck fronce les sourcils.

« Parce que ? »

Enfin un sourire éclaire le visage d’Algir.

« Parce que je vous aime bien ! Malgré tous ces dangers, l’incertitude de nos minces existences, vous trouvez toujours un moment pour vous vous amuser et profiter de la minute qui passe. Ça, ça vaut tous les bons repas des gros de Baldir, l’aventure, le danger, mais on trompe la mort et on rigole quand on la croise. Merci ! »

Maen et Reck lui rendent un sourire entendu et reprennent le chemin avec entrain.